Dans le langage courant, un pygmalion est, selon la définition du Larousse, une "personne amoureuse d'une autre et qui la conseille et la façonne pour la conduire au succès".
En psychologie, l'effet Pygmalion attribuerait une force à nos pensées. Il stipule que si X a une opinion favorable sur Y et croit en sa réussite, alors les performances de Y vont être majorées et il va effectivement réussir. Inutile de "façonner" l'autre, il suffirait d'être persuadé de sa valeur?
Comment a été établi l'effet Pygmalion?
Dans les années 60, un psychologue et professeur, Robert Rosenthal, fait une expérience. Il donne à ses étudiants des rats de laboratoire à tester au moyen d'un labyrinthe. À la moitié des étudiants, il fournit des rats qualifiés de "très performants". À l'autre moitié, il fournit des rats "peu performants". Résultat: les rats ont bien été à la hauteur des attentes des étudiants dans chacun des deux groupes… sauf qu'en réalité, ils n'ont pas été distribués selon leurs prétendues capacités, mais au hasard!
Les résultats s'expliqueraient par le fait que les étudiants s'attendaient à de tels résultats. On parlait à cette époque de "prédictions auto-réalisatrices".
Robert Rosenthal a ensuite testé des enfants: dans une école d'un quartier défavorisé, il a fait passer des tests de Quotient Intellectuel aux enfants. Puis il s'est arrangé pour que, par une prétendue erreur de courrier, les instituteurs soient informés des résultats de ces tests, résultats qu'ils auraient dû ignorer.
En réalité, les résultats des tests de QI ont été attribués aux enfants tout à fait au hasard, et 20% des élèves ont été surévalués.
À la fin de l'année scolaire, les enfants ont passé de nouveau des tests. Résultat: les 20% d'élèves surévalués ont eu des performances meilleures.
Selon Rosenthal, les professeurs ont traité les élèves soi-disant brillants de façon plus agréable, plus enthousiaste. Les élèves à leur tour se sont sentis encouragés et ont pu donner le meilleur d'eux-mêmes.
L'effet Pygmalion et son cercle vertueux
Les attentes et les croyances positives que nous avons sur l'autre vont encourager celui-ci.
Il va s'efforcer de répondre à nos attentes.
Nous-mêmes voyons la confirmation que nous avions vu juste, que l'autre est effectivement doué et nos croyances positives se renforcent.
La personne le perçoit et croit de plus en plus en elle-même et en ses capacités.
Cela lui donne envie de redoubler d'efforts.
C'est ainsi que se met en place un cercle vertueux de positivité et de réussite.
Le langage inconscient
En fait, l'effet Pygmalion n'agit pas uniquement au moyen de la pensée. En réalité, notre pensée est reflétée par notre langage corporel (attitude, regard, ton de la voix, etc). Le langage corporel est inconscient et la compréhension par l'autre de ce langage est elle aussi inconsciente. C'est ainsi que l'élève ressent la confiance bienveillante et les attentes de son professeur sans même s'en rendre compte.
D'ailleurs, l'expérience montre que si on demande aux professeurs d'avoir volontairement une attitude de confiance bienveillante alors qu'ils ne la ressentent pas, il n'y a pas d'effet Pygmalion. Mais cette attitude positive reste, bien sûr, souhaitable…
Effet Pygmalion, éducation et auto-coaching
L'effet Pygmalion a été largement étudié et interprété par les spécialistes de l'éducation. Ceci a permis de mettre en avant l'importance du regard de l'enseignant sur les élèves et sur la réussite de ceux-ci. Les parents aussi sont largement concernés. Ils seraient en mesure de donner à leurs enfants une meilleure confiance en eux, plus d'implication dans ce qu'ils font, plus de motivation.
Quant à chacun d'entre nous… Le développement personnel affirme que nous sommes capables d'avoir sur nous-même un effet Pygmalion et que nous pouvons ainsi réaliser nos rêves et donner vie à nos projets.