Internet nous rend bien des services… mais donne un surcroît de travail aux psychologues! Après les addictions et la nomophobie (no mobile-phone phobia), les spécialistes ont identifié un autre trouble: le FOMO.
Internet et ses dommages collatéraux
De plus en plus d'études montrent qu'une utilisation excessive d'internet et des réseaux sociaux peut impacter la santé mentale. Elles évoquent les comportements addictifs (jeux en ligne, pornographie, transactions boursières, achats compulsifs…), les cyberrelations (privilégier les relations virtuelles aux dépens de relations réelles), le cyberramassage (amasser des quantités d'informations… et ne rien en faire!)
Cette cyberdépendance a de nombreuses conséquences: anxiété, incapacité à se limiter, tendance à augmenter le temps passé devant les écrans, dégradation des relations interpersonnelles et de l'efficacité au travail ou à l'école, dépressions, insomnies, troubles de l'humeur…
Dans ce contexte, des troubles plus spécifiques à l'utilisation des smartphones ont été recensés. Ce sont la nomophobie (anxiété liée à la crainte de perdre son smartphone), la "selfitis" (addiction aux selfies) et le FOMO.
Le FOMO, qu'est-ce que c'est?
Le FOMO est un syndrome d'anxiété, les initiales de Fear Of Missing Out. Il s'agit de la peur de manquer un événement important, divertissant ou intéressant.
Car une personne connectée à longueur de temps ne peut pas ignorer ce que font ses amis… et les autres! Or, se rendre compte qu'on a choisi la "mauvaise" façon de passer sa soirée (aller à la fête de X et voir en direct qu'on s'amuse mieux à celle de Y!), ou réaliser qu'on a laissé passer une affaire remarquable (achat, voyage, ou même cryptomonnaie) est une déception que certains ne sont pas prêts à assumer. Alors, pour ne pas se trouver dans une telle situation, ils sont véritablement anxieux et en permanence aux aguets afin de ne rien rater. Certains remplissent leur emploi du temps de façon irrationnelle. Et s'il leur arrive effectivement de passer à côté d'un événement "inratable", ils sont dévastés et font une "crise de FOMO".
Le FOMO, un "révélateur de fragilité"
Mis à part le fait qu'internet nous culpabilise en nous menaçant en permanence des risques de manquer ceci ou cela si nous nous déconnectons, il y a aussi un niveau d'explication plus psychologique au FOMO.
Pour certains, le FOMO rappelle à l'adolescent ou à l'adulte une anxiété qu'il a vécue pendant la petite enfance: l'anxiété de séparation. Elle fait partie du développement psycho émotionnel normal du tout petit. Il s'agit de la peur d'être exclu du désir de son parent, la peur d'être abandonné.
Sur les réseaux sociaux, notre popularité - ou notre pseudo-popularité - est extrêmement aléatoire, dépendante des "like", des tweet et des partages des uns et des autres. Là aussi, il y a une peur d'être exclu, et celle-ci renvoie à cette peur primitive de l'enfance. Elle rend les individus extrêmement fragiles à l'intérieur de relations interpersonnelles virtuelles et de faible valeur. Le FOMO témoigne de la soumission de l'individu à une pression permanente instaurée par internet et les réseaux sociaux. En prendre conscience est certainement une première étape vers plus de liberté et plus de bien-être.