Bien-dans-sa-tete.fr | 5 Janv 2023
Pendant longtemps cantonné à la cour de récréation, le harcèlement scolaire s'est développé de manière exponentielle ces 20 dernières années. On estime qu'un enfant 10 en est victime, sans compter les élèves qui ne révèlent à personne leur calvaire. De plus, pour les victimes, le temps passé à subir cette violence psychologique s'est démultiplié. Car dans bien des cas, les brimades se poursuivent à la maison par l'intermédiaire des réseaux sociaux auxquels 40% des élèves de primaire sont connectés.
Les séquelles psychologiques chez les enfants harcelés sont graves. Même si beaucoup finissent par gérer le traumatisme en grandissant, la plupart resteront marqués à vie. Les chiffres relatifs aux suicides et aux tentatives de suicide pour cause de harcèlement sont inquiétants.
Harcèlement moral, harcèlement scolaire : de quoi s'agit-il ?
Harceler moralement quelqu'un, c'est le soumettre à des actes de violence psychologique de façon répétée afin de l'affaiblir émotionnellement et d'exercer sur lui une domination.
La victime, incapable de se défendre, entre sous l'emprise du harceleur et perd peu à peu son intégrité morale.
En milieu scolaire, le harcèlement peut être moral mais il est le plus souvent également physique (coups, sévices, avec éventuellement sévices sexuels). Il peut prendre différentes formes :
- Humiliations: obliger la personne à faire des actes abjects, dévoiler son intimité…
- Menaces: publier des photos compromettantes, révéler des choses personnelles…
- Chantage: "Si tu nous dénonces, nous nous vengerons sur ton petit frère"...
- Insultes
- Racket
- …
Comment se met en place le harcèlement scolaire ?
Le harcèlement scolaire est le fait d'une bande d'élèves orchestrés par un meneur de groupe.
Le bouc émissaire est stigmatisé à cause d'une particularité considérée comme "insupportable": l'origine ethnique, la religion, une intelligence supérieure, l'orientation sexuelle, ou plus banalement, un acné marqué, un surpoids, et même le port de lunettes.
L'enfant victime est mis à l'écart, isolé face à un groupe uni, ce qui est moralement très affligeant à cet âge.
Quand elle n'est pas tourmentée physiquement, la victime peut être insultée, moquée, affublée de noms méprisants. On ricane sur son passage, on s'en prend à ses affaires, on fait circuler des rumeurs à son sujet, on fait des gestes insultants discrètement pour que le prof ne voie pas… Et on la traque également sur le web si elle a un smartphone ! Certains réseaux sociaux sont malheureusement d'excellents supports pour ce cyberharcèlement puisqu'ils permettent de porter atteinte à l'autre de façon anonyme.
Harcèlement scolaire : attention à ne pas minimiser le problème !
Il est important, quand on est parent, instituteur ou éducateur, de comprendre la psychologie de l'enfant qui fait l'objet de harcèlement. Car il s'agit de le soutenir, le protéger, mais aussi de le prémunir dans le futur d'un éventuel syndrome de stress post-traumatique.
Très souvent, les adultes minimisent les faits en considérant que les enfants sont naturellement agressifs, et même parfois cruels, et que cela va certainement s'arranger !..
Mais la répétitivité des brimades et l'impuissance de l'enfant victime à se défendre doivent alerter les adultes… quand ils sont informés de ce que l'enfant subit! Car bien souvent, les élèves harcelés ont tellement honte de décevoir leurs parents qu'ils n'en parlent à personne.
Lutte contre le harcèlement : une nouvelle loi salutaire
Depuis la loi du 2 Mars 2022, le harcèlement scolaire est considéré en France comme un délit pénal. Il est passible, pour les cas les plus graves, d'une peine pouvant aller jusqu'à 10 ans de prison et 150000 Euros d'amende (dans le cas où le harceleur est majeur). Le droit de l'enfant de suivre une scolarité exempte de harcèlement y est souligné. L'accent est mis également sur la détection des faits de harcèlement et la prévention de ce fléau: formation du personnel en contact avec les enfants (enseignants, travailleurs sociaux, etc), sensibilisation, information, y compris à l'égard des parents et des élèves.
À noter que le personnel de l'établissement scolaire peut être reconnu coupable de non assistance à personne en danger s'il n'est pas intervenu alors qu'il était informé des faits.
Enfin, une remarque :
S'il existe des enfants harceleurs, c'est qu'il y a nécessairement des parents d'enfants bourreaux. Le devoir d'éducation prend ici tout son sens. À méditer…